Poète... vos papiers!
ou comment mériter sa nationalité.
Nous sommes en août et, sans faire de bruit, mon passeport français venait d'expirer. Je m'en vais chercher le site du Consulat sur le web pour voir la procédure.
On s'entend, je monte des sites moi-même, je sais comment ça marche. Je sais qu'on ne double-clique pas sur un lien, surtout si c'est pour payer quelque chose en ligne, je sais aussi que tous les sites ne sont pas forcément compatibles avec tous les navigateurs et toutes les plateformes.
J'arrive sur le site bleu, blanc et rouge, je dois être au bon endroit, je cherche les instructions pour renouveler un passeport. Après un bon quart d'heure, je vois qu'il faut que je change de navigateur. O.K., pas de problème, j'en ai plein. Je dois même avoir un PC quelque part au cas où. Je clique, je clique, je valide, je clique... et je tombe sur une page en anglais... J'ai dû me tromper, je recommence, je porte attention à ce que je fais et... une page en anglais encore. Au Québec, ça n'arriverait pas, mais en France, ça m'étonne à peine. Après une courte séance de méditation et un mantra sur la patience et ses vertus, j'y retourne et je vois qu'il faut prendre un rendez-vous et que les rendez-vous ne se prennent que par Internet. Bref, tu ne peux pas être Français à l'étranger si tu n'as pas accès à l'Internet? Ce fut confirmé après un court appel téléphonique où une machine me parlait pour ne rien dire.
Bon, c'est un cas de plan B. Je vais carrément me pointer là-bas, au cas où j'aurais la chance de parler à une personne du genre humain… j'arriverai peut-être à obtenir un rendez-vous. Il va falloir se préparer, parce que le Consulat est ouvert seulement le matin et que, pour se garer dans le centre-ville, ce n’est pas toujours évident. Après avoir tourné autour un bon dix minutes, je trouve une place plus ou moins légale. Je monte au dixième étage, prends un numéro et regarde les Jeux olympiques à la télé en attendant qu'on m'appelle.
