Histoire en 12 épisodes : De juin 2011 à juin 2012

Auteure : Geneviève Paris
Libérer le futur

Février 2012 – Si vous avez déjà créé quelque chose d'important, je ne sais pas, un disque, un enfant, une fresque byzantine ou autre, vous comprendrez l'investissement que cela représente. On y met tout ce qu'on a. Et ce qu'on n'a pas on le trouve. Que ce soit la muse, le père ou les pinceaux, quand il faut, il faut. Je rentre en studio demain et étrangement je suis très calme. À bien y penser, pas si étrange que ça. Je me trouve devant deux choix, l'hystérie ou le calme, je choisis le calme.

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  En studio - février 2012 | Photo : Ghyslain Luc Lavigne

Ce disque n'aurait jamais dû voir le jour. Un, j'avais quitté le métier et deux, le métier m'avait également quitté. Lorsque j'ai décidé de reprendre ma carrière, tout le monde était ravi, comme si un tort se redressait, ou comme si tout rentrait dans l'ordre des choses, mais ça s'arrêtait là. Toutes les portes étaient fermement closes. Me connaissant comme vous commencez à me connaître, ce n'était vraiment pas l'avis des autres qui allait me faire changer de chemin. Je m'arrangerai avec les conséquences lorsqu'elles se présenteront. J'en avais parlé un peu avec mon amie Marie. Elle m'a dit « Tu sais, je pense qu'il faut que tu libères le futur ». Ça c'est vraiment tout elle ce style de réflexion... Je comprends seulement maintenant ce qu'elle voulait dire. Il est souvent futile et presque paradoxal de modifier le présent pour accommoder un futur aléatoire. Mais sa façon de l'exprimer est beaucoup plus jolie et poétique que la mienne.

Les partitions sont prêtes, les musiciens inspirés, le réalisateur et la chanteuse en overdrive et pour la première fois que je ne prémédite pas un son pour un album, je crois bien que j'en ai un. Je m'en suis aperçue le troisième jour à la ré-écoute des mp3 (j'ai failli dire des bandes... au moins, je n'ai pas pensé aux cassettes). On passera en tout une grosse semaine avec les musiciens au studio Piccolo à Montréal. Le dernier jour de studio, j'arrive avec une partition maison de la petite dernière toujours pas finie mais qui a passé l'examen d'entrée. J'ai un couplet et le refrain, ça suffira pour le moment. La chanson sonne comme une tonne de brique, elle parle fort, ce ne sera pas facile de coller un texte dessus. Surtout que je ne fais jamais ça. Je commence toujours par le texte, toujours. La musique me parle tellement et me vient de façon tellement naturelle, que tous les mots que j'essaie d'écrire dessus sonnent comme autant de pléonasmes. Il s'agit d'échos. Ou d'harmoniques. Un mot a seulement la force de ce qu'il suggère, pas de ce qu'il décrit. C'est également ainsi que la musique parle.

J'ai beaucoup de chance. La connexion avec les gars, Marc, Sylvain, Dan, Justin et Ghyslain est immédiate. On parle tous le même langage. Une langue sans mots, mais combien riche. J'avais décidé de ne pas utiliser de claviers pour ce disque. Seulement des guitares, beaucoup de guitares, toutes sortes de guitares tenant de multiples rôles, des guitares douces, des guitares rythme, des guitares violons et des guitares voix. Marc avait amené ses propres guitares, sa Telecaster, quelques Boucher, uniquement, avait-il dit, pour le guider et l'aider à nous transmettre ses idées (nous parlons tous guitare ici) Finalement, il y aura beaucoup de la guitare de Marc sur « 7 ». C'est même lui qui aura la dernière note sur la dernière chanson de « 7 » Pourquoi je chante encore.

Pourquoi je chante encore, une des premières de la suite de nouvelles chansons que j'ai écrites pour « 7 », était pour moi une façon de m'expliquer ce qui m'arrivait à ce moment-là précis de ma vie. Je suis allée en Gaspésie uniquement pour l'écrire. J'avais besoin de l'océan. J'avais besoin de voir loin.

 

 

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